الثلاثاء، 9 أبريل 2013

«La crise que nous subissons a ses racines dans le thatchérisme»





Interview -- L'économiste Denis Clerc, fondateur de la revue «Alternatives économiques», revient pour Libération sur les années Thatcher.
Par Propos recueillis par Vincent Di Grande
«There is no alternative» aimait à répéter Margaret Thatcher. Au début  des années 80, la dame de fer impose son ordre libéral au Royaume-Uni. A la même époque, Denis Clerc fonde la revue «Alternatives économiques». Deux visions de l'économie que tout oppose. Pour Libération, Denis Clerc revient sur 11 ans d'économie selon Thatcher.  
Quel bilan tirez-vous des années Thatcher ?
     Je dirais que ca a été une réussite économique, mais une catastrophe sociale. Et cela va de pair finalement. Sous Thatcher, les riches sont devenus plus riches, les pauvres plus pauvres. Quand elle est arrivée, le taux de pauvreté atteignait 15 % au Royaume-Uni. Quand elle a quitté le pouvoir, il était de 20 %. C’est aussi la seule dirigeante au monde à avoir supprimé le salaire minimum. Mais en même temps, elle a réussi à sortir la pays de la profonde crise économique dans laquelle il était plongé.
Au prix d’une politique très dure, notamment vis à vis des syndicats.
      Elle a brisé la toute-puissance des syndicats britanniques, en venant à bout de la grève des mineurs en particulier en 1984-1985. C’était sans doute nécessaire. En mettant toute les nuances possible, il faut bien dire que les syndicats étaient devenus une force conservatrice plus que dynamique. Ils se reposaient sur un passé impérial que le Royaume-Uni ne pouvait plus assumer.
     Margaret Thatcher a voulu rétablir les mécanismes du marché, réduire l’Etat social pour favoriser l’économie. Je le répète, cela a été une réussite. Mais aussi un véritable drame social. On oublie souvent de dire que dans les années 80, les Anglais venaient se faire soigner en France, tant le système de santé britannique était à bout de souffle. On peut dire que 30 à 50 % de la population du Royaume-uni a payé la note du thatchérisme.
Comment-a-t-elle réussi ce tour de force ?
     Disons qu’elle est arrivée au bon moment. La pays était exsangue, avec une inflation délirante, 10 à 15 % certaines années. La Livre Sterling était en train de succomber. Une grande partie des dirigeants d’entreprises, des politologues, des économistes attendaient autre chose qu’un keynesianisme à bout de souffle.
Mais la grève de mineurs a duré six mois, et il n’était pas dit qu’elle sortirait gagnante de ce bras de fer. Elle a tenu bon, soutenue par une grande partie de la population, il ne faut pas l’oublier.
Que reste-il de Margaret Thatcher aujourd’hui ?
       Beaucoup. Aujourd’hui, la finance est le premier employeur du Royaume-Uni, avec près de 10 % des emplois qui dépendent de ce secteur. C’est une conséquence directe des politiques mis en place par Mme Thatcher. On peut dire aussi qu’elle a inspiré Ronald Reagan aux Etats-Unis, même s’il était un peu plus pragmatique et moins idéologue. La  crise que nous subissons a ses racines dans le thatchérisme.
     Et  plus grave, cette crise qui a commencé comme une crise du crédit avant de devenir celle de la dette, aurait dû appeler des réformes de grande ampleur du secteur bancaire. Mais en instillant l’idée chez de nombreux dirigeants politiques et économiques que la toute puissance du marché était une règle qu’il ne fallait pas bousculer, Margaret Thatcher a nourri la résistance des banques à ces réformes.
Libération

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