Avec son amie journaliste, Zineb El
Rhazou, Betty Lachghar a créé en 2009 le Mouvement alternatif pour les libertés
individuelles, devenu célèbre en voulant organiser un pique-nique pour défendre
les dé-jeûneurs, comme faisant partie de la société marocaine.
La
revendication principale de votre mouvement est d’ouvrir le débat sur l’article
222 du Code pénal qui interdit aux musulmans de manger dans un lieu public
durant le Ramadan. Avez-vous réussi ce pari ?
- Plus que réussi. Le débat est depuis
grandement ouvert en ce qui concerne la liberté de conscience et la laïcité.
Par rapport au Ramadan, le débat est également ouvert depuis 4 ans et c'est une
victoire.
On reproche au
mouvement MALI d’avoir voulu attaquer l’islam tout court, dans un pays
musulman. Cette accusation est-elle fondée ?
-
Au
sein du mouvement, beaucoup de membres sont musulmans. Les Marocains sont
endoctrinés malheureusement, c'est l'islam ou rien. Le concept de liberté de
conscience ne peut malheureusement faire écho alors que la liberté de
conscience est l'essence même des autres libertés individuelles. Sans elle,
c'est de la dictature religieuse! C'est de l'inquisition !
On vous appelle
souvent les “dé-jeûneurs du Ramadan”...
-
Il
est vrai que comme c'était la première action, elle a marqué les esprits.
Personnellement, je ne me considère pas “dé-jeuneuse”, ce terme irait avec
un(e) musulman(e) qui ne jeûne pas. Je ne me sens donc pas concernée, pas plus
qu'un bouddhiste ou un catholique.
On entend
souvent parler du MALI depuis sa création, mais vos sorties se font de plus en
plus rares. Quelles étaient vos récentes actions ?
-
On
ne peut pas dire que l'action du bateau de l'avortement soit passée inaperçue.
Nous sommes également les seuls à avoir organisé une activité le 17 mai,
Journée mondiale de la lutte contre l'homophobie et la transphobie, en
collaboration avec l'ambassade des Pays-bas...
Pourquoi dans
votre mouvement, on ne parle que de vous, au point de vous reprocher de faire
de l'ombre aux autres membres du MALI ?
-
Je
n'ai jamais entendu cela. Je suis la co-fondatrice d'une part et la
porte-parole en quelque sorte. De plus, les actions sont souvent à mon
initiative. Il y a aussi un autre point : de nombreux membres de MALI ne
veulent pas sortir de l'ombre justement en raison des intimidations, menaces ou
pour des raisons familiales.
- Propos recueillis par Yassine Benargane
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