La journaliste
Ariane Bonzon analyse dans la revue en ligne Slate.fr, les différences et les
rivalités qui opposent l'Arabie Saoudite et le Qatar, deux États très proches a
priori mais que de profondes divergences opposent depuis près de 20 ans. En
voici les grandes lignes.
Deux monarchies sunnites, deux régimes religieux, deux rentes
pétrolières. De loin, l'Arabie Saoudite et le Qatar se ressemblent, mais de
profondes divergences les opposent, en particulier sur la scène régionale comme
on l'a très nettement vu, ces derniers mois, en Égypte, analyse la journaliste
Ariane Bonzon dans la revue en ligne Slate.fr.
Géographiquement déjà, le Qatar est un minuscule État de 1,87 million
d'habitants, alors que l’Arabie Saoudite est le deuxième plus grand des pays
arabes avec plus de 28 millions d’habitants.
Idéologiquement, l’Arabie Saoudite se revendique comme État islamique et
se fonde sur une légitimité religieuse (la dynastie wahabite des al-Saoud qui
lui donne son nom), ce qui n’est pas le cas du Qatar.
Comme le note cependant Madawi
al-Rasheed, professeur à la London School of Economics and Political Science,
“ces deux pays sont autoritaires et ne pratiquent aucune sorte de représentation
politique”.
Mais pour en revenir à leurs oppositions sur la scène internationale, le
site rappelle que ce qu'il qualifie de “guerre froide” trouve ses origines 20
ans plus tôt. Lorsque le Qatar a commencé à vouloir exister au niveau régional
et que l’émir, Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, qui a destitué son frère en
juin 1995, décide que son pays passera du statut de pétromonarchie
insignifiante à celui d’acteur influent de la scène internationale.
Selon le chercheur français Nabil Ennasri, il s'agit là d'une atteinte à
l’hégémonie de l’Arabie Saoudite qui domine le Conseil de coopération du Golfe.
Le Qatar va par la suite faire preuve d’indépendance croissante par rapport à
l’Arabie Saoudite et aux autres pays du Golfe.
En 2006-2007, l'Arabie Saoudite et
le Qatar s’opposent sur le Liban, en 2009 sur le Yémen et enfin en 2011 sur
l’Égypte. Chaque fois, l’Arabie Saoudite joue plutôt la carte de la
radicalisation sunnite, voire salafiste, lorsque le Qatar soutient, lui, le
courant des Frères musulmans.
Exemple de
l'Égypte
Ainsi en Égypte, l’Arabie Saoudite soutient l’armée et les salafistes,
tandis que le Qatar soutient les Frères musulmans.
L’Arabie Saoudite qui veut mettre un
terme à l’expérience des Frères musulmans,“a tout à la fois soutenu le général
Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée égyptienne et les salafistes d’al-Nour”
explique Madawi al-Rasheed.
En revanche, le Qatar reçoit le coup
d’État militaire, la destitution de Mohammed Morsi et la répression à l’égard
des Frères musulmans comme une énorme gifle et une violation de la légalité
démocratique. Le chercheur français Nabil Ennasri explique que la pierre
d’achoppement entre l’Arabie Saoudite et les Frères musulmans, c’est
l’interprétation de l’islam faite par ces derniers. “Le pire scénario pour
Riyad c’est que les printemps arabes réussissent, avec une démocratie
authentique et des gouvernements stables, ce qui voudrait dire que la
révolution est possible et que les monarchies des Emirats ne seraient plus à
l’abri.” - Nabil Ennasri
“L'émir du
Qatar a une approche plus ouverte de l'islam et moins rigoriste que celle qui
domine en Arabie Saoudite. Ce clivage explique aussi le rapprochement de Doha
avec les Frères musulmans car il porte en germe l'idée de l'émergence d'un
islam alternatif à l'islam salafi saoudien”,
explique encore ce chercheur français.
aufait avec agences
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