الخميس، 7 فبراير 2013

Sortie nationale du film 'Les chevaux de Dieu' : Les étoiles de Sidi Moumen crèvent l'écran




Ovations et remerciements pour le cinéaste Nabyl Ayouch, auteur de 'Les chevaux de Dieu', ont ponctué l'avant-première casablancaise mardi soir, de ce qui s'annonce déjà comme l'un des films de l'année dans nos salles obscures. Petites histoires dans la grande Histoire où le parcours de jeunes Marocains en soif de reconnaissance, va les mener au sacrifice absurde de leurs vies -et de celles des victimes- des attentats qui secouèrent Casablanca en 2003.
Après avoir sillonné les festivals du monde entier avec le succès que l'on connaît, Les chevaux de Dieu se dévoile enfin dans nos salles. Son réalisateur Nabil Ayouch nous immerge dans la vie de quatre jeunes parmi les 12 kamikazes qui se sont fait sauter à Casablanca le 16 mai 2003. Tous issus des bidonvilles de Sidi Moumen.
Immersion à Sidi Moumen
Nabil Ayouch ne nous épargne rien du passé de ces désespérés de la vie qui trouvent dans le jihad une échappatoire à la rue. Sans emphase, le réalisateur nous livre une partie de la vérité de ces hommes. Il ne leur cherche pas d'excuses, tout comme l'avait fait en 2010 Mahi Binebine dans son roman Les étoiles de Sidi Moumen, dont le film est tiré.
Mais le cinéaste, à qui l'on doit Ali Zaoua (film qui l’a fait connaître en 2000,) et l'étonnant documentaire My Land (2012), à défaut de faire un documentaire, nous tisse les fils de cette histoire avec une précision chirurgicale. Sa mise en scène est dynamique et élégante, insufflant de la force au récit, malgré quelques grandiloquences lorsqu'il s'agit de survoler les bidonvilles qui s'étendent à mesure que les personnages du film deviennent des hommes.
Ayouch le passeur
Pour ces jeunes hommes amers, englués dans leur “misérable” quotidien, l'islam devient, après la sortie de prison de l'un des deux frères, une échappatoire pour ces étoiles qui n'ont plus la force de briller.
Mais alors, Ayouch ne durcit pas le ton: sa caméra, tout comme le metteur en scène, prend de la distance et les plans se font moins serrés, comme pour signifier que quelque chose lui échappe, nous échappe...
À aucun moment, que ce soit dans la description de la dure réalité des bidonvilles ou dans celle de l'apprentissage de l'islam radical, le cinéaste ne tombe dans le piège des stéréotypes, ni dans la démonstration. Il n'est que le passeur.
Les images doivent se suffire à elles-mêmes, comme c'est le cas dans le film Paradise Now (2005) de Hany Abou Assad, qui évoque les dernières 24 heures de deux kamikazes palestiniens.
Une histoire contemporaine du Maroc
Certains reprocheront au cinéaste de ne pas juger ces hommes qui ont ensanglanté Casablanca. Seul le recul permet à Ayouch de le faire, d'avoir mûri cette histoire et non de dénoncer à chaud. Le spectateur ressort de la salle avec la désagréable sensation d'avoir été pris au piège et d'éprouver quelque empathie pour ces “fous de Dieu”.
N'est-ce pas là que réside parfois la magie “noire” du cinéma?
Nabil Ayouch a su prendre le pouls de l'histoire contemporaine marocaine. Peu de réalisateurs dans le monde peuvent se targuer de livrer un tel regard analytique sur la société qui les entoure.
Les chevaux de Dieu n'apporte pas toutes les réponses, mais livre un simple constat: quelquefois, les victimes deviennent aussi des bourreaux.

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