Constatant les conséquences dévastatrices
pour les travailleurs et leur famille de la crise la plus grave depuis 1929,
entraînant des suppressions d'emploi pour des dizaines de milliers de
journalistes et de salariés des médias, des écarts de plus en plus grands de
salaires, la montée de la précarité, des attaques contre les syndicats et des
atteintes aux droits du travail, dont les salariés paient la crise sans en être
aucunement responsables.
Condamnant les politiques des
éditeurs qui procèdent à des coupes sauvages dans les effectifs des rédactions,
violent les principes professionnels et qui face à la crise, abandonnent leurs
missions, l'éthique et les valeurs du journalisme.
Dénonçant la violence contre les media, les
pressions exercées sur les journalistes par des gouvernements peu scrupuleux,
par des politiciens et des partis extrémistes, le peu de cas fait des
organisations de journalistes, un ensemble concourant à créer un climat
d’intimidation et d’insécurité qui ouvre la voie à des manipulations de
l’information et à l’autocensure.
Considérant les changements
politiques survenus dans plusieurs pays arabes à la suite des révolutions et
des bouleversements politiques où les journalistes et leurs syndicats ont joué
un rôle majeur dans la bataille pour la conquête de droits civils, des libertés
individuelles et de la démocratie, et le fait que ces changements ont ouvert la
voie à une réforme des médias, à la construction de syndicats de journalistes
plus forts et au renforcement des valeurs du journalisme et des droits des
salariés.
Estimant que le journalisme professionnel
et indépendant, exercé dans le respect des droits fondamentaux du travail, dans
des conditions assurant la sécurité et la protection des journalistes et
garantissant les principes de base de la liberté de la presse, est vital pour
assurer le droit des citoyens à être informés.
Reconnaissant le rôle vital des
médias de service public dans la création de sociétés réellement démocratiques,
et faisant appel aux gouvernements à
introduire /proposer des lois de médias solides et garantissant l’indépendance
éditoriale, un financement adéquat et durable pour les entreprises
d’audio-visuel publiques, ainsi qu’un système représentatif pour la nomination
des conseils d’administration et des directeurs généraux de ces organismes.
Appellent les journalistes des
pays méditerranéens à travailler en commun au renforcement de la solidarité
dans cette région, pour répondre à toutes sortes d'atteintes graves contre leur
emploi, leurs conditions de travail, leurs droits syndicaux, et même leurs
personnes physiques. La même solidarité doit soutenir le combat pour la défense
de la liberté de la presse et des droits de l’homme, pour une révision de la
législation de la presse, ainsi que la construction de syndicats indépendants
et puissants. Les syndicats rejettent en particulier toute politique de
division, de manipulation et d’intolérance et appellent à mettre en oeuvre un
programme d’action pour:
Participer à la lutte pour reconquérir et sauver les
emplois et le journalisme.
Les
syndicats appellent à la solidarité en faveur des journalistes victimes de
la crise et à soutenir le rôle des syndicats en Croatie, en
Espagne, en France, en Grèce, en Italie, en Turquie et en Tunisie pour faire
échec à la suppression des emplois et à la précarité dans cette région, et s’opposer
aux politiques des gouvernements marquées par un manque de vision et de volonté
de créer des conditions pour remédier aux conséquences de la crise qui frappent
la population.
Une crise systémique frappe les médias provoquant des transformations profondes
dans le journalisme. La rentabilité des médias n’étant plus assurée, les
patrons de presse coupent dans les budgets, cassent les rédactions et
précarisent les emplois rendant de plus en plus difficile la création d’une
information de qualité.
Les journalistes qui refusent de n'être que les porte-paroles des
éditeurs et des hommes politiques ont besoin du soutien collectif qu'offrent
les syndicats de journalistes.
Les participants à la réunion de Tanger estiment que le droit au
travail, les politiques de création d’emplois, le dialogue social et la
protection sociale sont fondamentaux pour retourner la situation de l’économie
mondiale, et générer les revenus fiscaux dont ont besoin les gouvernements.
Les actions pour défendre les emplois, un travail décent, et un
journalisme de qualité doivent être coordonnées par les syndicats dans toute la
région, chacun soutenant les démarches de l'autre pour résister aux
attaques contre leurs droits, lutter contre la précarité, et défendre les
syndicats et le droit au travail.
Assurer la sécurité des journalistes
Reconnaissant que la sécurité et la
protection des journalistes et des salariés des médias sont la pierre angulaire
pour la liberté de la presse et la démocratie.
Les participants à la réunion de Tanger appellent au renforcement du
programme de la FIJ pour assurer la sécurité des journalistes de la région,
afin de leur fournir l’information, l’entraînement et les moyens de réduire les
risques pour les journalistes qui travaillent dans des zones de conflits.
La réunion de Tanger appelle les Etats de la région et ceux qui sont
voisins de zones de conflits à assumer leurs responsabilités prévues par les
lois internationales, dont la Résolution 1738 des Nations Unies, qui stipulent
l’obligation de protéger les journalistes et leurs équipes dans les pays en
conflit.
Les participants à cette réunion dénoncent les restrictions imposées à
la liberté de mouvement des journalistes dans certains pays de la région comme
en Palestine ainsi que les mesures sévères et injustifiées de restrictions des
visas. Ils appellent à la mise en place de procédures accélérées, simplifiées
pour permettre le déplacement des journalistes sans entrave aux passages de
frontières.
Ils appellent instamment les gouvernements de la région à reconnaitre et
respecter la carte de presse internationale de la FIJ et à garantir la liberté
de mouvement des porteurs de cette carte.
Défendre activement le journalisme et les valeurs
démocratiques
En
défendant le rôle des journalistes dans la construction des
sociétés démocratiques et en promouvant la paix, la réconciliation et le
développement durable.
En défendant les principes du journalisme basés sur des responsabilités
et des valeurs sociales, les journalistes et leurs syndicats luttent pour
défendre des valeurs démocratiques telles que l’indépendance des médias,
l'élimination de la corruption, la suppression des lois imposant un contrôle de
l’information et visant à criminaliser les journalistes.
La réunion de Tanger s'engage à promouvoir le statut de journaliste
professionnel, à soutenir les principes éthiques et professionnels du
journalisme et des médias qui sont le reflet du pluralisme des idées de la
société, y compris les voix des minorités.
Defendre le service
public audiovisuel: lien social et pilier de la démocratie
Dans un monde où la presse
n’échappe pas à la marchandisation, où la recherche de l’audimat remplace
l’exigence d’information citoyenne, où certains jouent avec la crise et
désignent à la vindicte des boucs-émissaires, les Services Publics Audiovisuels
ont un rôle irremplaçable à jouer en tant que facteurs de lien social.
Leur utilité à la démocratie et leur indépendance vis à vis de tous
pouvoirs, politiques ou économiques, doivent-être reconnues dans les
législations ou/et dans les Constitutions.
Les Etats doivent assurer la
pérennité et le financement des audiovisuels publics, sans pour autant
s’ingérer dans leurs lignes éditoriales, et leur permettre d’être présents sur
tous les supports de diffusion.
Les syndicats représentants les journalistes doivent siéger dans les
Conseils d’Administration des entreprises de l’Audiovisuel Public.
Les informations diffusées par les médias publics doivent-être un
exemple d’honnêteté dans la relation des faits et de respect du pluralisme.
Toute modification d’un reportage ne peut l’être qu’avec l’accord du
journaliste auteur.
Les conventions collectives, ou accords, concernant tant les droits
sociaux que les conditions de travail des journalistes des médias publics
doivent servir de référence pour leurs confrères et consœurs des médias
privés.
Construire la confiance dans le dialogue
Estimant que le dialogue est
la clé pour promouvoir la culture de l’unité et de la solidarité entre
journalistes et entre syndicats, afin de défendre les droits de la profession
et les droits syndicaux.
La réunion de Tanger relève que l'extension de la crise économique a un
impact grave sur les salariés et leurs familles, en accroissant le stress et
affectant leur santé, en touchant au tissu même de la société toute entière et
entrainant un risque de conflit et de violence.
Les participants constatent
que la situation après les révolutions dans plusieurs pays arabes ont atteint
un seuil critique où l’anniversaire des printemps arabes symbolisant la chute
des dictatures a été l’occasion de nouvelles divisions et tensions sociales.
Les participants soutiennent l’action des journalistes et de leurs
syndicats dans cette region pour la liberté de la presse et la circulation
libre de l’information.
Ils reconnaissent que les zones de tensions subsistent sans avoir trouvé
d’issue comme dans les Territoires occupés et regrettent que les journalistes
soient souvent les victimes de ces situations, comme à Gaza en raison de leurs
opinions ou de leur adhésion à une organisation syndicale.
Nous appelons les adhérents à
la FIJ à travailler ensemble et à éviter des luttes intestines basées sur des
rivalités politiques et au contraire à promouvoir le dialogue et des actions
communes pour s’opposer aux menaces contre les droits des syndiqués.
Nous endossons l'appel de la section de Tanger du SNPM, pour la création d’un Centre Mediterraneen de
Recherches sur les médias pour qu'il puisse jouer son rôle dans la promotion du
dialogue entre les professionnels de cette région et demandons à la FIJ et au
SNPM de soutenir cette proposition.
Nous appelons au travail en commun de la FIJ avec les organisations de
journalistes de cette région, dont la FEJ et la Fédération arabe des
journalistes, et à trouver de nouvelles formes de dialogue à tous les niveaux
pour contribuer à la compréhension mutuelle entre journalistes opérant dans des
zones de confits et des pays marqués par des divisions politiques.
Nous appelons les syndicats de
la région à participer au prochain congrès de la FIJ à Dublin qui aura pour
thème “Mener la contre-attaque au plan mondial”, congrès qui marquera un
premier pas pour mobiliser solidairement et coordonner la lutte contre
l’austérité. Toute action dans ce sens est souhaitable, aucune ne sera trop
humble ou trop large, que ce soit une table ronde, une manifestation imposante,
une lettre de protestation, une mobilisation type flash mob, ou toute autre
action.
En conclusion, nous adressons nos plus
chaleureux remerciements au SNPM et à sa section de Tanger pour nous avoir
donné la possibilité de nous réunir ici, pour leur accueil amical et leur aide
à l’organisation de ces journées.
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