الاثنين، 25 فبراير 2013

DÉCLARATION DE TANGER : Les représentants des syndicats des pays méditerranéens réunis à Tanger du 15 au 17 février 2013




      Constatant les conséquences dévastatrices pour les travailleurs et leur famille de la crise la plus grave depuis 1929, entraînant des suppressions d'emploi pour des dizaines de milliers de journalistes et de salariés des médias, des écarts de plus en plus grands de salaires, la montée de la précarité, des attaques contre les syndicats et des atteintes aux droits du travail, dont les salariés paient la crise sans en être aucunement responsables.
     Condamnant les politiques des éditeurs qui procèdent à des coupes sauvages dans les effectifs des rédactions, violent les principes professionnels et qui face à la crise, abandonnent leurs missions, l'éthique et les valeurs du journalisme.
Dénonçant la violence contre les media, les pressions exercées sur les journalistes par des gouvernements peu scrupuleux, par des politiciens et des partis extrémistes, le peu de cas fait des organisations de journalistes, un ensemble concourant à créer un climat d’intimidation et d’insécurité qui ouvre la voie à des manipulations de l’information et  à l’autocensure.
      Considérant  les changements politiques survenus dans plusieurs pays arabes à la suite des révolutions et des bouleversements politiques où les journalistes et leurs syndicats ont joué un rôle majeur dans la bataille pour la conquête de droits civils, des libertés individuelles et de la démocratie, et le fait que ces changements ont ouvert la voie à une réforme des médias, à la construction de syndicats de journalistes plus forts et au renforcement des valeurs du journalisme et des droits des salariés.
Estimant que le journalisme professionnel et indépendant, exercé dans le respect des droits fondamentaux du travail, dans des conditions assurant la sécurité et la protection des journalistes et garantissant les principes de base de la liberté de la presse, est vital pour assurer le droit des citoyens à être informés.
Reconnaissant le rôle vital des médias de service public dans la création de sociétés réellement démocratiques, et faisant appel aux gouvernements à introduire /proposer des lois de médias solides et garantissant l’indépendance éditoriale, un financement adéquat et durable pour les entreprises d’audio-visuel publiques, ainsi qu’un système représentatif pour la nomination des conseils d’administration et des directeurs généraux de ces organismes.
     Appellent les journalistes des pays méditerranéens à travailler en commun au renforcement de la solidarité dans cette région, pour répondre à toutes sortes d'atteintes graves contre leur emploi, leurs conditions de travail, leurs droits syndicaux, et même leurs personnes physiques. La même solidarité doit soutenir le combat pour la défense de la liberté de la presse et des droits de l’homme, pour une révision de la législation de la presse, ainsi que la construction de syndicats indépendants et puissants. Les syndicats  rejettent en particulier toute politique de division, de manipulation et d’intolérance et appellent à mettre en oeuvre un programme d’action pour:

Participer à la lutte pour reconquérir et sauver les emplois et le journalisme.
     Les syndicats appellent à la solidarité en faveur des journalistes victimes de la crise et à soutenir le rôle des syndicats en Croatie, en Espagne, en France, en Grèce, en Italie, en Turquie et en Tunisie pour faire échec à la suppression des emplois et à la précarité dans cette région, et s’opposer aux politiques des gouvernements marquées par un manque de vision et de volonté de créer des conditions pour remédier aux conséquences de la crise qui frappent la population.
Une crise systémique frappe les médias provoquant des transformations profondes dans le journalisme. La rentabilité des médias n’étant plus assurée, les patrons de presse coupent dans les budgets, cassent les rédactions et précarisent les emplois rendant de plus en plus difficile la création d’une information de qualité.
Les journalistes qui refusent de n'être que les porte-paroles des éditeurs et des hommes politiques ont besoin du soutien collectif qu'offrent les syndicats de journalistes.
Les participants à la réunion de Tanger estiment que le droit au travail, les politiques de création d’emplois, le dialogue social et la protection sociale sont fondamentaux pour retourner la situation de l’économie mondiale, et générer les revenus fiscaux dont ont besoin les gouvernements.
Les actions pour défendre les emplois, un travail décent, et un journalisme de qualité doivent être coordonnées par les syndicats dans toute la région, chacun soutenant les  démarches de l'autre pour résister aux attaques contre leurs droits, lutter contre la précarité, et défendre les syndicats et le droit au travail.
Assurer la sécurité des journalistes 
     Reconnaissant que la sécurité et la protection des journalistes et des salariés des médias sont la pierre angulaire pour la liberté de la presse et la démocratie.
Les participants à la réunion de Tanger appellent au renforcement du programme de la FIJ pour assurer la sécurité des journalistes de la région, afin de leur fournir l’information, l’entraînement et les moyens de réduire les risques pour les journalistes qui travaillent dans des zones de conflits.
La réunion de Tanger appelle les Etats de la région et ceux qui sont voisins de zones de conflits à assumer leurs responsabilités prévues par les lois internationales, dont la Résolution 1738 des Nations Unies, qui stipulent l’obligation de protéger les journalistes et leurs équipes dans les pays en conflit.
Les participants à cette réunion dénoncent les restrictions imposées à la liberté de mouvement des journalistes dans certains pays de la région comme en Palestine ainsi que les mesures sévères et injustifiées de restrictions des visas. Ils appellent à la mise en place de procédures accélérées, simplifiées pour permettre le déplacement des journalistes sans entrave aux passages de frontières.
Ils appellent instamment les gouvernements de la région à reconnaitre et respecter la carte de presse internationale de la FIJ et à garantir la liberté de mouvement des porteurs de cette carte.
Défendre activement le journalisme et les valeurs démocratiques 

      En défendant le rôle des journalistes dans la construction des sociétés démocratiques et en promouvant la paix, la réconciliation et le développement durable.
En défendant les principes du journalisme basés sur des responsabilités et des valeurs sociales, les journalistes et leurs syndicats luttent pour défendre des valeurs démocratiques telles que l’indépendance des médias, l'élimination de la corruption, la suppression des lois imposant un contrôle de l’information et visant à criminaliser les journalistes.
La réunion de Tanger s'engage à promouvoir le statut de journaliste professionnel, à soutenir les principes éthiques et professionnels du journalisme et des médias qui sont le reflet du pluralisme des idées de la société, y compris les voix des minorités.
Defendre le service public audiovisuel: lien social et pilier de la démocratie
      Dans un monde où la presse n’échappe pas à la marchandisation, où la recherche de l’audimat remplace l’exigence d’information citoyenne, où certains jouent avec la crise et désignent à la vindicte des boucs-émissaires, les Services Publics Audiovisuels ont un rôle irremplaçable à jouer en tant que facteurs de lien social.
Leur utilité à la démocratie et leur indépendance vis à vis de tous pouvoirs, politiques ou économiques, doivent-être reconnues dans les législations ou/et dans les Constitutions.
    Les Etats doivent assurer la pérennité et le financement des audiovisuels publics, sans pour autant s’ingérer dans leurs lignes éditoriales, et leur permettre d’être présents sur tous les supports de diffusion.
Les syndicats représentants les journalistes doivent siéger dans les Conseils d’Administration des entreprises de l’Audiovisuel Public.
Les informations diffusées par les médias publics doivent-être un exemple d’honnêteté dans la relation des faits et de respect du pluralisme. Toute modification d’un reportage ne peut l’être qu’avec l’accord du journaliste auteur.
Les conventions collectives, ou accords, concernant tant les droits sociaux que les conditions de travail des journalistes des médias publics doivent servir de référence pour leurs confrères et consœurs des médias privés.  
Construire la confiance dans le dialogue
      Estimant que le dialogue est la clé pour promouvoir la culture de l’unité et de la solidarité entre journalistes et entre syndicats, afin de défendre les droits de la profession et les droits syndicaux.
La réunion de Tanger relève que l'extension de la crise économique a un impact grave sur les salariés et leurs familles, en accroissant le stress et affectant leur santé, en touchant au tissu même de la société toute entière et entrainant un risque de conflit et de violence.
     Les participants constatent que la situation après les révolutions dans plusieurs pays arabes ont atteint un seuil critique où l’anniversaire des printemps arabes symbolisant la chute des dictatures a été l’occasion de nouvelles divisions et tensions sociales.
Les participants soutiennent l’action des journalistes et de leurs syndicats dans cette region pour la liberté de la presse et la circulation libre de l’information.
Ils reconnaissent que les zones de tensions subsistent sans avoir trouvé d’issue comme dans les Territoires occupés et regrettent que les journalistes soient souvent les victimes de ces situations, comme à Gaza en raison de leurs opinions ou de leur adhésion à une organisation syndicale.
    Nous appelons les adhérents à la FIJ à travailler ensemble et à éviter des luttes intestines basées sur des rivalités politiques et au contraire à promouvoir le dialogue et des actions communes pour s’opposer aux menaces contre les droits des syndiqués.
Nous endossons l'appel de la section de Tanger du SNPM,  pour la création d’un Centre Mediterraneen de Recherches sur les médias pour qu'il puisse jouer son rôle dans la promotion du dialogue entre les professionnels de cette région et demandons à la FIJ et au SNPM de soutenir cette proposition.
Nous appelons au travail en commun de la FIJ avec les organisations de journalistes de cette région, dont la FEJ et la Fédération arabe des journalistes, et à trouver de nouvelles formes de dialogue à tous les niveaux pour contribuer à la compréhension mutuelle entre journalistes opérant dans des zones de confits et des pays marqués par des divisions politiques.
    Nous appelons les syndicats de la région à participer au prochain congrès de la FIJ à Dublin qui aura pour thème “Mener la contre-attaque au plan mondial”, congrès qui marquera un premier pas  pour mobiliser solidairement et coordonner la lutte contre l’austérité. Toute action dans ce sens est souhaitable, aucune ne sera trop humble ou trop large, que ce soit une table ronde, une manifestation imposante, une lettre de protestation, une mobilisation type flash mob, ou toute autre action.
     En conclusion, nous adressons nos plus chaleureux remerciements au SNPM et à sa section de Tanger pour nous avoir donné la possibilité de nous réunir ici, pour leur accueil amical et leur aide à l’organisation de ces journées.

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