Le 19
février prochain, le juge prononcera la sentence de Philippe Servaty alias le
pornographe d’Agadir. Une affaire à couper le souffle qui a bouleversé les
Marocains. Thierry Berthier, un jeune français cadre de société, s’en est
inspiré pour écrire un roman : Khanssae, récemment publié. Il ne relate pas
uniquement le fait divers d’Agadir digne d’un scénario hollywood, mais il met
aussi en lumière le phénomène de la prostitution devenu ravageur au sein de la
société chérifienne.
Khanssae, c'est
l'histoire d'une jeune femme porteuse du même nom qui, devenue orpheline, se
trouve obligée de se prostituer pour survivre et subvenir aux besoins de sa
famille. Victime d’un de ses clients qui publie sur internet des images de
leurs ébats, Khanssae se retrouvent en prison. Un vécu commun à de nombreuses
jeunes femmes dans le pays.
L’auteur,
Thierry Berthier, un jeune cadre Français, s’est directement inspiré de
l’affaire du pornographe d’Agadir après une rencontre avec l’une des victimes
de Philippe Servaty. Mais au-delà de cette histoire, M. Berthier met un accent
sur « le phénomène important » qu’est devenue la prostitution au sein de la
société marocaine.
« La
prostitution existe en Europe, mais ce n’est pas aussi visible qu’au Maroc »
Tout est parti
de son premier voyage dans le royaume en 2007. « J’avais un ami au Maroc qui
m’avait proposé une fois de séjourner dans le pays », confie à Yabiladi Thierry
Berthier. Et dès sa première visite, ce touriste français dit avoir été «
marqué » par la présence si manifeste de la prostitution. Il fallait ensuite «
prendre la température du pays pour ne pas raconter n’importe quoi »,
souligne-t-il. C’est ainsi qu’il a multiplié les séjours au Maroc, sillonnant
les villes. « J’ai été obligé de rencontrer les prostituées, j’ai regardé
comment ça se passe », confie-t-il relevant que la prostitution existe « dans
toutes les villes, mais à Marrakech et Agadir, c’est choquant ».
Pour ce
cadre français, « la prostitution existe en Europe, mais ce n’est pas aussi
visible qu’au Maroc ». Il cite l’exemple de son pays où la prostitution est
propre à des rues ou boulevards précis. Mais au royaume, « il y a la
prostitution dans tous les lieux grands publics beaucoup fréquentés par les
touristes. Et ce sont les prostituées qui vont vers les touristes »,
affirme-t-il soulignant au passage que le « Maroc est d’ailleurs connu pour le
tourisme sexuel ». En effet, France 24 a réalisé, en 2011, un reportage mettant
en lumière ce fléau au Maroc, mettant un accent sur la prostitution des jeunes
garçons. Mais, M. Berthier n’a pas voulu se pencher sur ce volet, jugeant la
prostitution féminine « déjà assez problématique ».
Dans son
roman, Thierry Berthier s’est attardé sur les attitudes des personnages plutôt
que des scènes, mettant un accent sur l’état d’âme et d’esprit des femmes
prostituées et parfois victimes de leurs clients comme Khanssae. Le texte met
également en lumière les différentes catégories de prostituées au Maroc. «
Certaines le font vraiment pour l’argent et se fichent de ce que les gens
pensent, explique l’auteur. Pour d’autres, c’est la pauvreté qui les y mène.
Parfois à cause de l’absence du père, il faut trouver le moyen de ramener de
l’argent à la maison ». « Qu’y a-t-il comme boulot pour une femme qui n’a pas
vraiment étudié ? », s’interroge M. Berthier relevant que Khanssae, malgré son
niveau d’éducation relativement correcte n’arrive pas à s’en sortir.
Une
situation déplorable qui arrange un grand nombre
L’écrivain
assure s’être appliqué à ce livre afin que la prostitution soit davantage
considérée comme un phénomène qui mine la société. « Laisser cette situation
telle quelle, permet aux personnes qui abusent de ces femmes de le faire en
toute tranquillité », dit-il. Et d’ajouter : « Peut-être qu’il n’y a plus de publications
sur internet comme le pornographe d’Agadir le faisait, mais personne ne sait ce
qui se passe derrière les portes une fois qu’elles sont fermées ».
Malheureusement,
selon M. Berthier, très peu de personnes parlent de ce fléau. « Les gens qui
commencent à en parler se rétractent très vite », remarque-t-il. Pour lui, ce
phénomène perdure parce qu’elle « arrange beaucoup de monde ». « Ils peuvent
profiter de la beauté des femmes à moindre coût et les jeunes femmes peuvent
avoir un peu d’argent », déplore l’auteur. De plus, relève-t-il, « cela attire
considérablement les touristes et les touristes, c’est bon pour l’économie
nationale ».
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