الثلاثاء، 24 ديسمبر 2013

Fatima Chenna, veuve Oufkir.. Le souvenir d’une injustice




- Jamal Berraou

      « Ce n’est pas parce que le vice est partagé qu’il devient une vertu », Fatima Chenna, veuve Oufkir nous a quittés. Son mari a longtemps représenté l’oppression, avant de tenter un coup d’Etat qui a heureusement échoué et d’en payer le prix. Sa famille a été emprisonnée dans des conditions inhumaines, en dehors des règles élémentaires du droit. Pendant vingt ans, les Oufkir ont été enterrés vivants. A l’extérieur, des proches en ont profité pour les spolier.
Fatima Oufkir avait son caractère. Du vivant de son mari, on dit même qu’elle exerçait un certain pouvoir. Cela ne justifie rien, surtout pas le sort réservé à ses enfants, en particulier Soukaina et Rafik qui étaient en bas âge et qui ont été privés de l’enfance, de ses jeux.
Les responsabilités du régime sont établies et reconnues, mais l’opposition de l’époque est-elle clean pour autant ? Par haine pour ce que représentait le général Oufkir, jamais cette injustice n’a fait l’objet de la moindre déclaration ou position politique. Les organisations des droits de l’homme évoquaient tous les cas, nombreux, de violations sauf les Oufkir et Tazmamart.
C’est avec amertume qu’il faut le reconnaître. Les démocrates n’ont pas été fidèles à ce qu’ils prétendent aujourd’hui être leurs valeurs, depuis toujours. Cette leçon, il faut la tirer et clairement. Si nous avons autant de difficultés à construire une véritable démocratie, c’est parce que nous avons été très éloignés des convictions qui devraient être celles de démocrates.
Les choses ont-elles changé aujourd’hui ? Réagissons-nous en démocrates en toute circonstance ? Il est permis d’en douter. Les uns instrumentalisent les droits de l’homme de manière éhontée, les autres ferment trop souvent les yeux, au nom des « intérêts supérieurs de la Nation ».
En Egypte, les jeunes collectionnent les années de prison. Pourtant, il y a quelques mois, ils avaient applaudi les militaires et la répression qui s’est abattue sur les frères musulmans. Le mouvement du 6 avril se rend enfin compte qu’il s’agit d’une contre révolution, c’est un peu tard.
Si je cite cet exemple, c’est pour dire que la démocratie est une et indivisible. Si l’on accepte que les droits des autres, des adversaires politiques soient bafoués, on met les siens en danger. Danton, alors qu’on l’amenait à la guillotine a crié à Robespierre « tu m’y suivras » et c’est ce qui s’est passé. Ces leçons doivent, impérativement, nous amener à plus de vigilance quant aux droits humains. Nous ne sommes plus en face de violations systématiques, ni même graves. C’est un acquis, et le meilleur moyen de le défendre, c’est de dénoncer, vigoureusement, la moindre atteinte aux droits d’un citoyen, même si ses convictions sont aux antipodes des nôtres. Aux anciens, cela impose un effort, parce que ce n’est pas notre culture. L’avouer, c’est le premier pas sur le chemin de la rédemption.

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