Par : Abdelhak RIKI
Qui suis-je pour exiger un
gouvernement ? Et, ai-je le droit d’exiger ce gouvernement ?
Je me suis posé la question dès
lors que j’ai formulé cette exigence. Je me suis mis à réfléchir. Suis-je dans
mon droit ? Ou suis-je entrain de piétiner dans une sphère qui m’est
étrangère ?
Je peux continuer à formuler des questions de ce
genre à l’infini, mais j’ai décidé tout d’un coup de trancher dans le vif du
sujet.
Oui, en tant que citoyen marocain, j’ai le droit
d’exiger pour le moment un gouvernement marocain. Ensuite, de préférence stable
et capable de gouverner. Enfin, j’ai le droit de formuler cette exigence ainsi
que l’obligation morale de porter à votre connaissance cette demande.
En réalité, j’en ai marre de trop attendre,
attendre Godot ! Je suis mécontent de la tournure que prend la politique
dans mon pays.
Plusieurs mois pour voir finalement un parti
politique, en l’occurrence, l’Istiqlal, décider de quitter la majorité et un
interminable ballet pour remanier le gouvernement en cours suite à la décision
du parti, Rassemblement National des Indépendants, de rejoindre la nouvelle
majorité gouvernementale…
Je ne comprends pas ce qui se passe ? Je ne
comprends pas pourquoi tout ce retard ? Je ne comprends pas d’où vient le
blocage et qui en est responsable ?
Et vous qui êtes en train de me lire ? Vous
savez ce qui se passe réellement ? Si quelqu’un dispose d’une information
certaine et fiable, qu’il se dépêche de la communiquer à ces concitoyens. Il
rendra un grand service à la nation.
En attendant, moi je souffre de voir mon pays sans
un nouveau gouvernement.
Certains diront qu’avec ou sans gouvernement, le
pays tourne, les gens travaillent, les marchés sont approvisionnés, la sécurité
existe… Je n’en pense pas autrement, mais pour moi, ce n’est pas suffisant. Je
veux que la question gouvernementale soit réglée une fois pour toutes et
maintenant.
Pourquoi ? Car j’ai voté lors des dernières
élections législatives ayant permis la formation du nouveau gouvernement. Je
demande que mon vote et mon choix soient respectés. Le parlement, le
gouvernement, les partis politiques me doivent un respect, car sans mon vote,
ils ne peuvent prétendre à une légitimité représentative.
Pour moi c’est le respect de mon vote qui compte.
D’autres exigent un gouvernement pour des questions économiques, sociales et
parfois éthiques et morales.
J’entends, encore certains, dire qui suis-je pour
exiger ? Eh bien je suis un citoyen qui exprime le ras-le-bol général de
millions de citoyens marocains. Comment le savoir ? Bonne question. Posez
la question autour de vous et vous entendrez des plus belles sur nos
politiciens et la crise gouvernementale.
Le mécontentement traverse toutes les
sensibilités, les sympathisants de la majorité actuelle comme ceux de
l’opposition. Quant à ceux se trouvant en dehors de ces deux groupes, il est
utile parfois de ne pas les provoquer.
Quant à moi, je reviens à la charge pour exiger un
nouveau gouvernement et une nouvelle majorité. Je demande à ce que le mandat
accordé par les citoyens électeurs soit mené à son terme.
Mais ce qui me fait mal, c’est l’absence totale de
communication de la part des partis de la majorité et de l’opposition. Comme
s’ils étaient dépassés par les événements. Le comble est qu’ils sont,
apparemment, d’accord sur une seule chose. Vous savez laquelle ?
Eh bien, de ne pas nous permettre, à nous,
citoyens électeurs, le droit de trancher à travers des élections anticipées. Là
c’est l’unanimité.
Il semble, que les partis d’opposition, qui disposent
d’une majorité ne veulent pas présenter une mention de censure et faire tomber
le gouvernement. Il semble, que les partis de la majorité, ne veulent pas
utiliser les prérogatives constitutionnelles pour dissoudre le parlement. Il
semble que….
Personne ne veut adosser la responsabilité d’une
crise gouvernementale. Personne ne veut faire bouger les pièces d’échec.
Jusqu’à quand ?
Le refus d’élections anticipées à deux
motivations, l’une a trait au coût de la tenue du scrutin qui semble important
para rapport à notre budget, l’autre est le fait que certains prédisent que ces
élections ne changeront en rien la configuration parlementaire actuelle.
En tant que citoyen, il me semble que ni l’une, ni
l’autre des raisons formulées ne sont convaincantes.
En Europe, l’appel des citoyens aux urnes pour
départager les hommes politiques et leurs différends est une obligation
démocratique. Le coût, qui est supporté par la collectivité, ne peut être un
frein à cette pratique constitutionnelle.
Prenons le cas d’un pays européen englouti dans
une crise sans pareille. Je parle de la Grèce qui n’hésite pas à appeler ces
citoyens à des élections anticipées chaque fois que nécessaire. N’en parlons
pas de l’Italie, dont cette pratique est une constante depuis belle lurette.
Pour ce qui est des résultats d’élections anticipées
au Maroc, sauf pour les devins, personne ne dispose de tendances fiables sur
les intentions de vote des marocains.
D’ailleurs, j’ai hâte de connaitre le sentiment de
mes concitoyens sur trois points importants : le taux de participation, le
score du parti au pouvoir le PJD et celui du parti de l’Istiqlal qui a décidé
de quitter le gouvernement et de lancer ses troupes dans la rue de la
protestation et de l’opposition.
Alors, allons-nous, nous acheminer vers la
proclamation d’un nouveau gouvernement ou bien vers des élections anticipées ?
En attendant, les dirigeants politiques de la
majorité et de l’opposition feraient bien de comparaitre à la télé pour
débattre et déterminer les responsabilités des uns et des autres. Les citoyens
ont le droit d’être informés. Ne croyez nullement qu’ils sont indifférents.
Ils ne peuvent plus de cette situation qui peut à
la longue devenir kafkaïenne.
C’est au vu de cette intenable situation que je me
permets de jeter un pavé dans la mare, faire bousculer les choses, en exigeant
qu’enfin un gouvernement soit formé ou que le peuple soit consulté.
J’exige un gouvernement au lieu de porter des
accusations. Je veux être positif dans ma démarche. Donc au lieu d’exiger, je
reformule la question en demandant un gouvernement stable pour mon pays.
Et vous ?
NB : article écrit le dimanche 29 septembre 2013 à 17 h. Si au-delà de
cette date on est gratifié d’un nouveau gouvernement ce serait une bonne
nouvelle nonobstant sa composition. Sinon, cet écrit est un appel pour mettre
un terme à ce feuilleton interminable.
Abdelhak Riki
Citoyen marocain