La présidente du FN, Marine Le Pen, à Paris le 22 décembre 2014 (Photo Kenzo Tribouillard. AFP) |
Le FN, qui a
rendu hommage aux dessinateurs morts dans l’attentat contre Charlie Hebdo et
exprimé le souhait de participer à la manifestation d’hommage dimanche, a été
l’une des cibles principales des caricaturistes du journal.
En 1996,
quatre ans après la refondation du journal, le journal lance une pétition pour
interdire le parti d’extrême droite, alors présidé par Jean-Marie Le Pen.
Quelques années avant internet, l’hebdomadaire satirique recueille 173.000
signatures.
Fêtant les
dix ans d’existence du journal en 2002 lors d’une soirée anniversaire à Paris,
Philippe Val, alors rédacteur en chef, espérait encore réussir cette opération:
«On va faire quelque chose.»
Tout au long de son histoire, le journal
a multiplié les dessins au vitriol contre le parti et ses présidents successifs, affublant
Jean-Marie Le Pen de chemises brunes, le visage de plus en plus patibulaire,
présentant un étron fumant sur fond de drapeau français avec ce titre «Le Pen,
la candidate qui vous ressemble», ou moquant des rapprochements entre l’UMP et
le FN.
Charlie
Hebdo s’était fait une spécialité de s’en prendre aussi bien aux dirigeants FN
qu’à leurs électeurs, croqués soit comme des «beaufs», soit comme des individus
aussi décervelés que fascisants.
En témoigne
ce dessin où Jean-Marie Le Pen s’adressait à eux du haut d’une tribune:
«Préférence nationale! Peine de mort!» «Compris chef», répondent cinq malabars,
crâne rasé. Qui crient immédiatement en choeur: «La peine de mort réservée aux
Français!»
Charlie
Hebdo avait aussi déposé au mois de décembre 1998 à l’Institut national de la
propriété industrielle une demande d’enregistrement de la marque «Front
national».
L’hebdomadaire,
qui avait sorti plusieurs hors-série sur le parti d’extrême droite, dont un il
y a presque un an jour pour jour, n’avait lui-même pas été épargné par le FN.
Lorsque le
journal d’extrême droite Minute avait comparé sur sa une Christiane Taubira à
un singe, le cofondateur du FN, Jean-Marie Le Pen avait assuré: «C’est un
journal satirique dont les excès sont 100 fois moins importants que ceux de
journaux satiriques de gauche comme Charlie Hebdo».
Plusieurs procès avaient animé les
relations entre les dessinateurs du journal et le parti.
Mais le FN,
tout en se distanciant des dessins irrévérencieux de l’hebdomadaire, lui avait
aussi parfois apporté son soutien, Mme Le Pen condamnant ainsi l’incendie du
siège du journal, en 2011.
En 2007,
Jean-Marie Le Pen avait aussi estimé qu’on «ne (pouvait) pas condamner des gens
qui usent de leur liberté» comme Charlie Hebdo qui avait alors publié des
caricatures de Mahomet.
AFP - 8 janvier 2015
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