Par :
Abdelhak RIKI
C’est l’expression utilisée par SM le Roi Mohammed
VI, lors de l’investiture de la deuxième mouture du gouvernement présidé par
Abdelilah Benkirane. Selon les propos rapportés par ce dernier, le Roi aurait
prononcé « au travail » à l’adresse du nouveau gouvernement à la
suite de la prise de la photo officielle.
« Travail », un mot de 7 lettres, un mot
usuellement utilisé par les uns et les autres, pour exprimer soit la fin de la
récréation ou bien un effort supplémentaire dans l’exécution d’une tâche ou
d’un projet…
Selon le dictionnaire français Larousse, le
travail est «l’activité de l’homme appliquée à la production, à la création, à
l’entretien de quelque chose ». D’autres définitions existent et sont tout
aussi valables pour exprimer le travail, mais je pense que celle de Larousse
englobe des réalités qui peuvent se rapprocher du sens du propos de cet
article. Je m’explique…
Mais avant, il est important de signaler la force
des mots prononcés en un moment et lieu déterminés.
Le « au travail » Royal est l’expression
qui résume une pensée et une stratégie inscrites dans une phase cruciale de
l’histoire du Maroc.
« Au travail » signifie d’abord, un
besoin de mettre un terme à un débat politicien, vide et dangereux, qui encourage
l’immobilisme et la paralysie. « Au travail » peut refléter, ensuite,
la compréhension de la lassitude des citoyens de tant de démagogie et
d’ineptie. « Au travail » est surtout, enfin, une prise de conscience
de l’urgence de la poursuite de réformes capables de métamorphoser le Maroc.
D’ailleurs, « au travail » est le maitre
mot qu’on trouve en filigrane des derniers discours royaux, celui sur
l’enseignement et surtout sur le rôle des élus et de la situation alarmante de
la métropole économique du pays, le Grand Casablanca.
La conclusion à tirer est celle-là, « au
travail » pour redresser l’enseignement, base de tout développement.
« Au travail » pour hisser la ville de Casablanca au firmament des
villes financières internationales et améliorer le quotidien de ses habitants.
Tout un programme… qui ne peut être bien mené que
si les uns et les autres se mettent « au travail »…
Et c’est dans ce sens que la définition de
Larousse prend toute sa signification. Le Maroc qui se trouve dans une phase
cruciale de son histoire, avec la possibilité et les atouts de faire un saut
monumental pour se hisser au niveau des pays émergents, n’a pas le droit de
rater l’occasion cette fois-ci comme ce fut le cas à la fin du dix-neuvième
siècle.
Je crois, que le mot « au travail »
exprime cette conscience historique que le moment est venu pour augmenter en
volume et en qualité la production nationale, ouvrir les portes de la création
et de l’innovation et d’entretenir ce qui fait de nous des citoyens du monde
fiers de notre marocanité.
Les atouts de cette révolution sont nombreux, on
peut en distinguer quelques-uns.
Primo, cette pacification de la vie politique
nationale et cette prise de conscience nationale que notre avenir politique est
dans le compromis et le débat contradicteur et constructif et non pas dans
l’affrontement stérile.
Secundo, une conscience collective des nécessaires
réformes économiques structurelles à entreprendre parfois dans la souffrance et
la douleur ce qui dénote d’une maturité économique des acteurs économiques et
financiers ainsi que du monde du travail.
Tertio, ce désir de tout un pays d’inscrire son
histoire dans les grands bouleversements de l’humanité avec les nouvelles
innovations technologiques et scientifiques majeures.
Ce qui manque c’est précisément ce « au
travail ». Cela ne signifie nullement que le pays est en récréation, loin
de là. Au contraire, « au travail » exprime le besoin d’une nouvelle
et audacieuse performance collective et nationale. La nécessité de se surpasser.
Du besoin d’élever le « travail » au niveau du défi, de la création,
de l’innovation et de la valorisation de chaque geste, chaque action et chaque
projet à titre individuel et collectif.
L’histoire humaine est jonchée de petits mots ou
petites phrases qui ont changé la vie des hommes et des femmes, des mots qui
ont la force de devenir des réalités, des projets… des utopies.
J’ose rêver que la formule « au
travail » puisse devenir la quintessence de ce projet de progrès et de
prospérité du Maroc. J’ose rêver qu’elle puisse nous apporter les 2% du PIB qui
nous font énormément défaut pour atteindre et dépasser dans les prochaines
années les 7% de croissance nationale pour résorber le chômage permettant aux
chômeurs de se mettre « au travail » et hisser le pays au rang des
émergents et autres BRICS..
De tout temps des hommes ont rêvé et d’autres ont
fait réalité leurs rêves.
Je ne pense pas que je suis le seul à rêver, je
suis sûr et certain qu’on est des millions à rêver d’améliorer notre existence
et celle de nos familles, de voir nos patelins, villages et villes bien gérés
et agréables à vivre, de rêver d’un Maroc prospère et moderne.
J’ai la certitude qu’on est des millions à vouloir
nous investir dans un grand projet sociétal, à donner le meilleur de
nous-mêmes, de nous mettre et remettre « au travail », d’utiliser
notre force physique et notre matière grise pour soulever des montagnes et
bâtir routes, autoroutes et aéroports, écoles, hôpitaux et théâtres…
Alors mettons-nous « au travail », à la
maison, à l’école, au lycée, à l’université, dans l’usine, dans
l’administration, dans le champ, dans les mines, le privé et le public, en
terre, ciel et mer… partout. Approprions le travail, apprenons le travail,
améliorons le travail, organisons le travail, innovons le travail…
Le « au travail » peut et doit faire
l’objet d’une appropriation collective. Des colloques sur le thème « au
travail ». Des séminaires universitaires, politiques et économiques sur le
sujet. Les artistes peuvent apporter beaucoup à travers leurs réflexions, leurs
films et leurs chansons pour exalter le travail et ses bienfaits.
On peut même dédier des prix d’excellence aux
meilleurs dans le domaine du « au travail », vantant le mérite du « meilleur
travailleur » par ses qualités d’innovation, de production,
d’organisation, d’accueil et de service.
Oui, je rêve d’un Maroc qui s’approprie « le
travail » pour les années à venir permettant de transformer et de
métamorphoser la terre, le ciel, la mer et les citoyens de ce pays d’ici l’an
2020.
Je rêve. Oui, je ne m’en cache pas. Je rêve à
visage découvert. Je rêve chaque jour de voir mes concitoyens marocains, hommes
et femmes, jeunes et moins jeunes, âgés et vieux, citadins et ruraux, pauvres
et riches, s’atteler « au travail », avec dévouement, abnégation, amour,
sacrifice et…liberté.
Alors « au travail »…
Abdelhak Riki
Citoyen marocain
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